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Sao Paulo.

​​Catherine  Keun a retenu les visages, les corps, fléchis sous des tâches imprécises, renversés par la musique, tendus vers une interrogation. Catherine a retenu les regards, regards échangés ou regards perdus, regards anonymes dans la ville ou regards intériorisés des poètes- troubadours qui modulent leurs poèmes comme on égrène les pas, au fil immédiat du temps. Mais il émane autre chose de ces corps et ces visages, souvent réduits à l’essentiel, quelques traits nerveux comme des graffitis, quand ils ne sont pas au contraire modelés avec tendresse et précision. Autre chose que la trop galvaudée exultation des corps brésiliens. Il y a aussi une hésitation, un déplacement, qui parlent davantage de la qualité de l’observation que de son objet. Le trait évoque plutôt un moment qu’un volume, un moment enfui mais qui s’attarde sur le papier, ponctué d’une tache orange, d’un gratte-ciel ou d’un parapluie semblable à celui que le graveur brésilien Goeldi aimait à placer au centre de ses images, comme un témoin un peu désenchanté du temps qui passe. Sur les corps, dans les yeux, à travers la ville.

 

 

Anne Louyot

Commissaire générale de l’Année de la France au Brésil, França.Br 2009

                                                                                            extrait de texte

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